D’André

Des heures, des heures, depuis ce dimanche matin 8h30, pourquoi, mais pourquoi donc ? Impossible de me défaire de l’image de sa joie, si communicative, qu’elle nous a fait partager le 13 juillet à Cham. Spitante et émerveillée, mais sans excès, elle nous racontait à Jean-Louis et moi sa dernière « petite » course               ( Le Peigne!!).

Elle s’installait rieuse avec ses copains pour regarder d’un oeil distrait la coupe du monde de difficulté à Cham. Elle nous disait partir pour Arco le lendemain. Elle reviendrait pour d’autres courses aux aiguilles et au Mont-Blanc. J’ai mis ce souvenir au fond de moi. S’il vous plait, autorisez-moi à le garder pour toujours !

Mais que d’autres moments inoubliables, vous avez eu la grande gentillesse de m’offrir en me permettant de lui parler, de l’embrasser pour lui souhaiter le meilleur. L’écouter était pour moi (et toute la communauté grimpante, j’en suis persuadé) une thérapie contre le mal être, les jours où le gris domine les couleurs. Son enthousiasme communiquait la force d’entreprendre avec des objectifs bien cernés. Mëme à mon âge, j’en tirais un grand bénéfice. La joie de se trouver le lendemain au pied de l’effort à accomplir pour viser et pourquoi pas atteindre le rêve tant imaginé.

De Loïc

J’étais en train de grimper sur un de nos petits sites naturels de bloc local en Bretagne quand nous avons appris la tragique disparition de Chloé. Ce drame nous a énormément touché.

J’avais rencontré et côtoyé Chloé à plusieurs reprises en canyon, en compétition à Bercy, en 2007 et 2008 lors de l’organisation de la coupe du monde de bloc à Saint-Leu ou tout le monde, staff, compétiteurs et spectateurs, l’avait bien appréciée et admirée dans sa générosité, sa sérénité et sa façon de grimper face à la difficulté.

Elle brillait par son sourire et son visage s’illuminait vers les autres, toujours prête à discuter et échanger, toujours disponible pour les organisateurs, pour le public à donner des autographes, les interviews, la presse et les médias. Nous avions pu également côtoyer son entourage familial et dépasser le strict cadre de la compétition officiel avec de riches échanges humains.

Elle savait se battre face aux éléments, en compétition, en bloc, en difficulté, en cascade de glace, face à la paroi, en canyon, en montagne face aux éléments, elle s’entrainait, pratiquait, se formait pour obtenir différents diplômes professionnels des sports de montagne, elle savait s’amuser lors des fiestas entre amis ou après les compets… une véritable athlète douée, une professionnelle de la montagne et une jeune femme pleine de vie.

Pour nous tous, il restera gravé en nous comme dans le roc, comme une neige éternelle, le souvenir d’un sourire, d’une jeune femme passionnée et il ne restera en nus que du bonheur de l’avoir connue et d’avoir pu échanger et partager des moments de plaisir et de bonheur dans notre passion commune des sports de montagne qui l’animait et qui l’a emporté .

De nous

Chloé chérie,

Décidément, tu es notre enfant terrible jusqu’au bout. Etre tes parents est une école de vie extraordinaire. Tu as bousculé tout ce qu’on pouvait imaginer. Dès le départ, tu as brouillé toutes les pistes connues : tu te retournes, grande prématurée dans ta couveuse, tu t’évades en rêve pendant les cours au point de déstabiliser les profs, tu traverses toutes les difficultés familiales avec une sérénité à toute épreuve. Et puis tu entres en compétition avec ta soeur Alix. Votre complicité est sans faille. Tu t’investis corps et âme dans la compétition. Dix ans déjà que nous cumulions tous les rôles, parents, agence de voyage, resp com, manager. Mais qu’est-ce que cela te faisait râler, n’est-ce pas ? Tu aurais voulu que l’on soit juste parent sans plus, pour laisser place à l’affection sans autre interférence. Tu avais aussi tellement peur que les autres s’imaginent que tu es un bébé surprotégé. Nous, avec toi, on savait bien que tu es hyperindépendante. Tu voulais une vie libre. Tu es notre petit chat, câline quand toi tu le voulais, sauvageonne la plupart du temps. La compétition s’est vite révélé un espace de jeux trop étroit pour toi.

Ton idéal d’enfant de onze ans s’est réveillé. Je veux devenir secouriste en haute montagne, faire de la montagne pour les autres, disais-tu. Ton sens des autres caché derrière une grande réserve, nous l’avons découvert très régulièrement. On ne met pas un chat en laisse, toi non plus. Il nous restait à t’accompagner, à te soutenir juste. Nous avons essayé modestement d’accompagner ton projet pas à pas. Souvent tu nous disais « Vous n’y connaissez rien ». Mais qu’est ce qu’on a appris avec toi ! Nous avons construit une relation très forte, jonglant entre présence et absence, entre MSN et téléphone que tu détestais. Le moment le plus attendu était quand tu apparaissais du train, tout sourire, quand nous venions te chercher à tes retours. Tu étais comme l’enfant prodigue. Notre relation est belle, forte, tempétueuse, à ton image tout simplement.

Tu voulais tout découvrir par toi-même, tout expérimenter. Tu étais boulimique de vie, de projets. Te suivre relevait du parcours du combattant pour certains. Nous étions prêts à te suivre au bout du monde en projets. Tu avais 7 vies comme les chats. Nous avions parlé ensemble du risque, nous en étions conscients et tu disais « Arrête de t’inquiéter ».

Comme à chaque fois, tu es devant nous tous. J’aurais préférer que pour une fois, tu restes derrière. On savait que tu appartenais à la montagne et à la grimpe. Là maintenant, on découvre un peu abasourdi que tu as pris une place exceptionnelle bien plus largement. Tu dois sourire de voir tout cela, toi qui avait peur de t’imposer. Tu disais « je ne veux pas faire l’incrust ». On aurait tous tellement voulu que tu fasses l’incrust bien plus longtemps parmi nous. Ma chérie, comme l’a dit hier Marie en rêvant tout haut : Chloé, je t’aime, je t’aimerai sans cesse »